Le casher, c’est comme du bio ?

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Octobre 16 – « Le casher, c’est comme du bio ? » – Alexandra Dellas, animatrice ENQUÊTE

17h40 au centre social Didot, dans le 14e arrondissement de Paris. Les enfants arrivés en premier n’en peuvent plus d’impatience : aujourd’hui, la séance n’a pas lieu au centre, mais à la salle de prière juive du quartier. Cette sortie, prévue depuis longtemps, va permettre aux enfants, mais aussi aux adultes accompagnateurs, de rencontrer le responsable de la salle de prière et de lui poser toutes les questions qu’ils veulent sur l’aménagement du lieu, les objets qui s’y trouvent et les pratiques qui s’y déroulent.

Les sorties dans les lieux de culte sont des moments particulièrement importants dans les ateliers. Les enfants sont bien sûr ravis de profiter d’une occasion de sortir entre eux et de découvrir un nouvel endroit. Ils sont aussi heureux de se servir des connaissances acquises pendant les ateliers pour poser des questions à la personne qui nous accueille. D’autant qu’aujourd’hui, le responsable de la salle de prière a mis les petits plats dans les grands…

Il nous attend au coin de la rue. Nous sommes un peu en retard, car j’ai laissé aux filles du groupe le soin de nous guider, et elles ont absolument voulu passer devant leur école. Elles comptent tous les numéros pour s’assurer que nous sommes dans la bonne direction « Ah tiens, mais ça doit être ce monsieur qui attend là-bas ! »

Un lieu bien caché

Effectivement, c’est lui. Il nous fait traverser la cour de l’immeuble pour nous amener devant une porte neutre, à l’arrière du bâtiment. Personne, de l’extérieur, ne peut soupçonner qu’il y a là un lieu de culte. Un des enfants s’étonne « Ah bon, mais comment est-ce que les gens savent que c’est là ? ». Le responsable nous explique que cette salle de prière, qui n’est pas très grande, sert pour les gens du quartier ; ce n’est pas une grande synagogue monumentale. Par ailleurs, les habitants de l’immeuble connaissent tous très bien cette salle et les relations sont très cordiales.

Il nous fait entrer dans la pièce principale, qui est la salle de prière elle-même. Au milieu trône une Bible ouverte, qui fascine tout de suite les enfants. Le responsable leur met donc des ouvrages entre les mains : un garçon, subitement très grave, assume la charge de la lecture. Lors de l’atelier, il a appris que chaque semaine, les juifs qui se rendent à la synagogue, lisent une partie de la Torah. Il lit le début de la Genèse en prenant soin d’articuler correctement. Sa mère, qui accompagne le groupe, le félicite. Elle non plus n’a jamais eu l’occasion d’entrer dans une synagogue et examine les lieux avec beaucoup de curiosité.

Des livres un peu particuliers

Le responsable de la synagogue nous explique ensuite que la salle de prière est divisée en deux et que les femmes assistent à l’office derrière un rideau blanc. Cela étonne les enfants et fait réagir une des adultes accompagnatrices, qui explique que ce n’est pas le cas à la mosquée qu’elles fréquentent. Je rappelle que toutes les synagogues ne se ressemblent pas, de même que tous les autres lieux de culte.

Les enfants se précipitent ensuite vers le meuble qui contient les rouleaux de la Torah enveloppés dans un écrin en argent et en velours. Le responsable les lève au-dessus de leur tête « Wouah, c’est trop beau ! Vous les sortez de temps en temps ? »

Le responsable explique aux enfants que la lecture de la Torah ne se fait pas dans un livre, mais dans un rouleau, et qu’il faut s’entraîner pour lire dedans parce qu’il n’y a ni voyelles ni ponctuation et qu’en plus il faut apprendre la mélodie ! Pendant qu’un groupe admire les rouleaux, l’autre s’attarde devant le panneau mural où des petites bougies représentent les fidèles défunts. Les enfants trouvent que c’est une très bonne idée, ils lisent les noms les uns après les autres.

Après la visite de la salle de prière, le responsable nous fait traverser un couloir qui débouche sur la salle où se réunissent les fidèles pour partager des repas ou des moments conviviaux. Et que découvrons-nous ? Le goûter est déjà sur les tables ! Au menu : jus d’orange bio et biscuits casher. Autant dire que les enfants sont ravis. J’en profite pour leur demander s’ils se rappellent ce que signifie le mot casher. Comme leur réponse est un peu confuse, le responsable prend la parole : « C’est comme du bio, les enfants, mais en mieux. On sait d’où ça vient, on sait que ce sont des produits naturels. Et en plus c’est comme du halal, mais avec plus de conditions ! Donc tout le monde peut en manger ! »

Après cette réponse toute personnelle ­- sur laquelle nous reviendrons ! – les enfants terminent bien vite l’assiette de biscuits, qui sont par ailleurs délicieux.