SAVOIR ET CROIRE : CE QU’IL S’AGIT D’ENSEIGNER

Pluralité des croyances et laïcité. La séance « savoir et croire » permet de distinguer les champs du savoir et du croire. Il y a des choses qu’il est possible de savoir. Il s’agit des choses que l’on peut vérifier : celles que tout un chacun peut observer par ses cinq sens ou celles qu’une démarche scientifique permet de vérifier. Il y a des choses sur lesquelles on ne peut rien savoir. Il s’agit des choses qu’il est impossible d’observer et de vérifier : il existe à leur sujet des croyances différentes selon les personnes. L’existence d’un dieu, de plusieurs dieux ou d’aucun dieu est un domaine sur lequel on ne peut pas rien savoir : ce n’est ni quelque chose que tout un chacun peut observer par ses sens, ni quelque chose qu’une démarche scientifique permet de vérifier. Il est important de faire apparaître que le monothéisme n’est pas plus « vérifiable » ou plus « rationnel » que le polythéisme, l’athéisme n’est pas plus « vérifiable » que le monothéisme, etc. Chacun est donc libre de se faire sa propre opinion sur cette question. Dans l’expression « chacun est libre de croire ou de ne pas croire », présente dans l’article 3 de la Charte de la laïcité à l’école, « croire » renvoie au fait d’avoir une croyance religieuse, et « ne pas croire » renvoie à l’athéisme, à l’agnosticisme ou à l’indifférence. À partir de la réflexion sur savoir et croire, on aboutit de manière très concrète à la laïcité. Chaque élève est renvoyé à sa propre liberté de conscience. Les élèves comprennent ainsi qu’il s’agit de respecter la liberté de chaque personne de se forger ses propres convictions. La laïcité garantit la liberté de conscience : elle autorise toutes les convictions tant qu’elles ne vont pas à l’encontre des lois républicaines et l’État ne favorise ni une religion en particulier, ni l’athéisme, etc. Cela permet de déconstruire des représentations sur la laïcité : elle n’est pas opposée aux religions et ne consiste pas en un athéisme d’État.

Comment se construisent les savoirs ? Pour définir le domaine du « savoir », l’enseignant revient systématiquement sur la construction des savoirs. Si des élèves disent : « on le sait parce qu’on l’a appris », « on le sait parce que c’est écrit dans les livres », l’enseignant remonte en amont de la transmission du savoir : au niveau de sa construction. Il mobilise les connaissances déjà acquises par les élèves. Qu’il s’agisse de la construction du savoir par les sciences expérimentales : observation, expérimentation ; ou de la construction du savoir par la science historique, qui s’applique à tout établissement des faits, que ce soit par des professionnels, le journaliste, le juge, ou par toute personne au quotidien.

  • La construction du savoir historique. Pour savoir « ce qui s’est passé », il faut rechercher des traces et en trouver. Les traces trouvées doivent être concordantes : plus ces traces sont nombreuses, plus l’établissement des faits est solide. Il faut des traces de l’époque de l’évènement ou le plus proche possible de cette époque, et des traces diverses : les traces viennent de différents acteurs qui ont des partis pris différents. Par exemple, les historiens ne peuvent pas dire si Abraham et Moïse ont existé. Les récits sur ces personnages se déroulent à l’époque de la Mésopotamie et de l’Égypte antiques. Mais les premiers exemplaires de ces récits ne datent pas de ces époques. Et aucune trace de ces époques ne parle d’Abraham ou de Moïse. De plus, seuls les récits religieux parlent de ces personnages : par exemple, Abraham n’apparaît dans aucune archive mésopotamienne, et Moïse dans aucune archive égyptienne. Il n’y a donc pas de traces diverses. Enfin, il faut que les traces soient fiables. Il s’agit de se poser la question : la personne (ou les personnes) à l’origine de cette trace (témoin, journaliste, etc.) avait-elle des raisons de cacher des choses ou de déformer la réalité ? Dans la séance 8, le savoir historique est abordé en partant du personnage de Jésus.
  • Déconstruire l’opposition entre savoir scientifique et croyances religieuses. Aujourd’hui la science s’intéresse aux choses que l’on peut vérifier ou expérimenter. Ainsi elle ne s’occupe pas des croyances comme l’existence ou l’inexistence d’un ou de plusieurs dieux, etc. L’enseignant peut montrer que la science s’occupe du « COMMENT » le monde fonctionne, elle ne s’occupe pas du « POURQUOI ». Ainsi une personne peut savoir que l’univers s’est formé avec le big bang et croire des choses différentes sur « pourquoi » l’univers existe : certains croient qu’un dieu a voulu qu’il existe, ou plusieurs dieux, d’autres croient qu’il n’y a aucune raison pour laquelle l’univers existe, qu’il « s’est créé » tout seul ou naturellement, par hasard, enfin d’autres ne se posent pas la question. Dans les séances 6 et 8, les savoirs scientifiques sur le big bang et l’évolution des espèces sont abordés.

Différents types de croyances. Pour définir le domaine du « croire », l’enseignant propose de réfléchir à différents types de croyances. Il y a le croire en lien avec l’espace et le temps auxquels on n’a pas accès : il est possible de savoir qu’il y a tel objet dans la pièce où l’on se trouve, en revanche, on peut croire ou ne pas croire qu’il y a tel objet dans la pièce où l’on ne se trouve pas. De la même manière, on peut croire ou ne pas croire que quelque chose a eu lieu dans le passé quand on n’en a aucune trace. Dans les deux cas, la vérification est impossible au moment où l’énoncé est formulé. Il y a aussi le croire en lien avec les pensées, les sentiments et les goûts de chacun. Même si une personne nous fait part de ses pensées, sentiments et goûts, on ne peut pas savoir des choses à ces sujets car on ne peut pas vérifier. Les croyances religieuses comme l’existence ou l’inexistence d’un ou de plusieurs dieux, d’une âme qui survit à la mort du corps, du paradis ou de l’enfer, de la réincarnation, etc. sont, comme les autres croyances, des choses qu’il est impossible de vérifier.